Les diarrhées néonatales font partie des maladies les plus fréquemment rencontrées chez les veaux et peuvent avoir de graves conséquences. En effet, l’état du veau malade peut rapidement se dégrader et aboutir à une mortalité. Des conséquences économiques majeures peuvent alors à terme survenir au sein de l’élevage. Dès lors qu’un veau est en diarrhée, il convient donc de lui apporter des soins afin de prévenir une dégradation de son état de santé mais aussi éviter une éventuelle propagation de la maladie aux autres veaux. De ce fait, plusieurs mesures doivent être mises en place et ce de manière précoce.
Isoler le veau
Dès que vous apercevez un veau en diarrhée au sein de votre élevage, le premier réflexe à avoir est de l’isoler afin qu’il ne contamine pas les autres veaux dans le cas où il s’agirait d’une diarrhée contagieuse (notamment s’il s’agit d’une bactérie, d’un virus ou encore d’un parasite). Cette étape est primordiale car elle permet d’empêcher une éventuelle transmission du germe pathogène aux autres animaux qui peut être rapide et avoir de graves conséquences, notamment une augmentation du taux de mortalité des veaux. Ainsi, le veau malade doit être isolé et placé dans un endroit dédié à la situation, propre, sec et confortable mais aussi à l’abri du froid et des courants d’air pour éviter l’apparition de complications, notamment une hypothermie (baisse de la température corporelle du veau en dessous de 38,5°C).
Prendre la température du veau
La prise de la température doit être réalisée une fois que le veau a été isolé et ce de manière régulière afin de voir l’évolution de sa température. Pour rappel, un veau en diarrhée peut avoir une température rectale qui varie selon son degré de déshydratation. La température normale du veau se situe entre 38,5 et 39,5°C. En cas de déshydratation légère, une hyperthermie est possible mais elle n’est pas toujours présente ni forcément détectable à l’instant t où la température rectale est prise. En cas de déshydratation modérée, la température rectale est normale. En revanche, dès lors que le veau est en déshydratation sévère, la température corporelle chute en dessous de 38,5°C, le veau est alors en hypothermie. Ce n’est donc pas la fièvre qui est à redouter en cas de diarrhée néonatale mais bien l’hypothermie. En effet, cela peut rapidement aboutir à la mort du veau s’il n’est pas pris en charge assez tôt.
En cas d’hypothermie, il est donc important de contacter rapidement votre vétérinaire. En attendant la visite du vétérinaire, il est nécessaire que vous réchauffiez le veau à l’aide de couvertures, de bouillotes voire même de lampes chauffantes (lampes à infrarouge) si vous en possédez. Si le veau est en hypothermie, il est également possible de constater une baisse de sa température grâce à la température de ses membres au toucher. En cas de déshydratation modérée, les extrémités du veau seront froides alors qu’elles seront plutôt glacées en cas de déshydratation grave.
Même si une hypothermie n’est pas présente chez le veau en diarrhée, il convient de mettre toutes les mesures en place pour éviter son apparition. Ainsi, il est recommandé de placer le veau dans un endroit chaud, propre et sec, sur un bon lit de paille (effet « nid » visuellement). Prenez régulièrement sa température afin de voir si elle ne diminue pas.
Nursing
Le nursing du veau en diarrhée est un point très important. Après avoir été isolé, l’animal ne doit pas être laissé sans soins ni surveillance régulière sous peine de voir son état se dégrader rapidement et potentiellement arriver à la mort du veau. Il est tout d’abord nécessaire de juger le degré de déshydratation du veau afin de le réhydrater correctement. La réhydratation et l’alimentation de l’animal malade constituent la base du traitement des diarrhées néonatales. Plusieurs signes cliniques peuvent vous aider à évaluer le degré de déshydratation du veau en diarrhée. En cas de déshydratation légère, un réhydratant oral peut être administré par vos soins si le réflexe de succion (tétée) est toujours présent. Il est important que cette réhydratation soit effectuée de manière précoce afin de ne pas voir l’état du veau s’aggraver rapidement. Si la déshydratation de l’animal est modérée ou grave, il est nécessaire de contacter votre vétérinaire pour corriger la déshydratation, voire l’éventuelle acidose (pH du sang trop acide) par voie intraveineuse.
Par ailleurs, il convient de maintenir l’alimentation lactée dans la mesure du possible sauf en cas de stase digestive. Sinon, la prise de lait ne doit pas être stoppée plus de 24 à 36 heures car un réhydratant oral ne remplace pas un repas de lait. Le veau malade doit également avoir accès à de l’eau propre en permanence. Le matériel utilisé pour réhydrater et nourrir le veau doit également être propre à chaque utilisation et ne doit être utilisé que pour le veau malade. Veillez bien à désinfecter scrupuleusement le matériel et le logement après chaque épisode de diarrhée afin d’éviter une éventuelle contamination des autres veaux. L’emploi d’un désinfectant actif contre le germe pathogène concerné est primordial pour une désinfection efficace. N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire.
Attention à l’utilisation d’antibiotiques qui n’est généralement pas nécessaire lors de diarrhées néonatales. En effet, d’une part, la diarrhée peut ne pas être d’origine bactérienne et, d’autre part, les antibiotiques ne sont pas actifs sur les toxines libérées par les bactéries, un processus fréquent lors de diarrhées d’origine bactérienne. Enfin, l’utilisation répétée d’antibiotiques à visée digestive est associée à un risque élevé de sélection de bactéries résistantes dans votre élevage, il convient donc de les préserver. En conclusion, gardez en tête que l’administration d’un antibiotique ne doit pas être systématique et nécessite l’avis d’un vétérinaire après des analyses.
Par ailleurs, il est à rappeler qu’il n’existe pas un seul et même traitement en cas de diarrhées néonatales. Au vu du nombre de causes pouvant être à l’origine de cette maladie chez le veau, la prise en charge thérapeutique peut varier. Une bonne observation régulière du (ou des) veau(x) malade(s) permet alors de noter la présence de signes cliniques qui pourront être rapportés au vétérinaire pour la meilleure prise en charge possible. De plus, il est important de contacter votre vétérinaire pour une prise en charge rapide si l’état du veau malade est préoccupant et/ou se dégrade. N’oubliez pas également de discuter avec votre vétérinaire du protocole de soins global qui dépendra des facteurs de risques et des causes les plus fréquentes que vous aurez identifiées ensemble au sein de votre propre élevage.
Références bibliographiques
– Thèse Alfort 2003, Dufrasne : DIARRHEE NEONATALE DES VEAUX ET REHYDRATATION PAR LA VOIE ORALE